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La dynamique de délocalisation et le développement des achats dans les pays à bas coûts ont été soutenus ces dix dernières années à la fois par le souhait de profiter de coûts de main-d’œuvre très attractifs, mais aussi de la nécessité de se rapprocher des marchés de ses clients.

La tension économique globale que nous connaissons suite à la reprise post COVID, a mis fin au cycle des matières premières et de l’énergie bon marché. Même si la hausse du prix des matières premières avait déjà commencé il y a plusieurs années déjà, différents facteurs ont pu relativiser voire masquer ses effets. Si en Europe, le poids de l’euro face au dollar avait su atténuer la facture de certaines importations, les pays dits low cost (LCC) ont aidé à exporter une sorte de déflation sur les produits manufacturés, y compris sur les produits à forte valeur ajoutée.

La hausse constatée depuis 2008 a été vécue par les entreprises de façon très différente en fonction de la part occupée par les matières premières et l’énergie dans leur structure de coûts. L’efficacité des protections mises en œuvre par les Directions Achats a montré leur efficacité.

L’approvisionnement auprès des pays low cost est encore aujourd'hui réel.

Dans une telle situation, différentes solutions ont été entrevues comme le retour à des fournisseurs. Mais cela n'est pas toujours possible. L’approvisionnement auprès des pays low cost est encore aujourd'hui réel, même si, les décisions d’achats sont réalisées afin d'éviter les risques de dépendance. Dans certains secteurs, plasturgie, industrie mécanique, composants électroniques...

Dans un contexte toujours plus en tension, les clients rechignent toujours à accepter des augmentations de prix. Maintenir une pression réductrice et agressive sur les prix d’achat a toujours montré son efficacité à court terme pour dégager des gains. Mais à moyen terme, elle pourrait conduire à des situations critiques.

• Disparition de certaines filières. Une pression sur les prix et des arbitrages entre pays à haut ou à bas coûts peuvent conduire certains fournisseurs à désinvestir en matière de R&D et passer ainsi dans une position de sous-traitant.
• Une forte concentration sur peu de fournisseurs. L’affaiblissement en nombre des acteurs de différentes filières pourrait permettre aux plus puissants d’entre eux de concentrer les marchés, consolidation voir monopole. Une situation d'autant plus inquiétante, qui pourrait pour certains donneurs d'ordres qui auraient réussi à faire fortement baisser les prix sur leur marché, se voir appliquer des augmentations unilatérales de prix par leurs fournisseurs, sans alternative.
• Risque sur la santé de l'écosystème fournisseur. A vouloir prendre coute que coute les marchés des grands donneurs d’ordre, certains fournisseurs acceptent des conditions intenables au risque de ne pas le supporter et contraindre les clients à ne plus être approvisionnés.

S'approvisionner dans une période de tension extrême sur les marchés...

Dans des situations aussi extrêmes, le risque est la dégradation d’image qui effacera toutes les économies d’achats préalablement réalisés. S'approvisionner dans une période de tension extrême sur les marchés nécessite la mise en place de dispositifs de maitrise des coûts particulièrement efficaces. Il est indispensable de renforcer les bonnes pratiques en jouant sur le moyen terme et sur ses relations avec ses fournisseurs en maximisant la collaboration interservices.

• Lorsque la pression devient forte sur les prix, il est indispensable de travailler en profondeur dès la conception sur les besoins en privilégiant standardisation et conception à objectif de coût. Il est alors souvent nécessaire, de remettre en cause des spécifications, les process d'ingénierie ou le marketing associé à la commercialisation d'une offre.
• Transformer une fois encore, pour ceux qui n'y croyaient pas, un fonctionnement en silos en une collaboration transversale des différentes fonctions.
• Enfin, à la volonté d'enfermer des fournisseurs sur les seuls prix, privilégier une démarche ouverte sur l'innovation en collaboration avec ses fournisseurs.

Quelles seront les solutions mises en œuvre par les constructeurs automobiles face à la pénurie de composants électroniques mondiale ? Après avoir tiré les prix toujours plus vers le bas, annulé leurs commandes durant plusieurs mois dans le contexte COVID et s'être vue remplacée par les grands faiseurs de l'électronique grand public (smartphones, ordinateurs personnels, consoles de jeux...), l'industrie automobile saura-t-elle se transformer et inverser son bras de fer historique avec ses fournisseurs et sa politique du juste à temps ? Rien n'est moins sur face à une industrie en pleine transformation, du thermique vers l'électrique...